L’utilisation de nouveaux processus de plus en plus digitaux dans le cadre de recrutement soulève de nombreux enjeux pour les entreprises, les candidats et les recruteurs. Même si le gain de temps et l’optimisation du processus d’embauche apparait évident de prime abord, l’utilisation de ces outils est une révolution qui tend à dénaturer des mécanismes déjà bien établis et à déshumaniser un domaine dans lequel le rapport humain est le plus central et décisif.
La digitalisation : un changement de culture
Dématérialiser… une obsession qui touche tous les secteurs d’activité et tous les métiers… pour le meilleur et pour le pire.
Dans le domaine du recrutement, cette digitalisation porte en elle un danger que tout le monde semble ressentir et craindre sans pouvoir en maitriser la survenance : la déshumanisation. Ce secteur n’a en effet pas tout à gagner de l’automatisation…
A vouloir trop limiter la relation humaine qui se joue dans le processus de recrutement, la fonction RH risque, par obligation ou par volonté, de dénaturer sa spécificité première : l’interaction humaine. Veiller à conserver cette interaction au cœur du processus de recrutement doit être une préoccupation centrale. Aucune IA, à ce jour, n’est encore capable de rivaliser avec l’humain dans ce domaine mais sa place grandit toujours davantage.
Nier les atouts de ce bouleversement serait en revanche une erreur. Il est indéniable que ces outils offrent aux départements RH une accessibilité révolutionnaire à l’information. Toute la problématique réside dans le choix des outils utilisés et dans les critères qui déterminent ces choix.
Une acculturation est nécessaire car s’adapter à ces nouvelles techniques n’est évident ni pour les recruteurs ni pour les candidats, en particulier pour ceux appartenant aux générations plus anciennes.
Les enjeux de la digitalisation du recrutement
Cette digitalisation est un levier d’optimisation dans plusieurs domaines :
- En premier lieu, le gain de temps que la digitalisation engendre dans le cadre du recrutement est un argument majeur. Ce gain de temps s’opère à plusieurs niveaux. Pour les recruteurs au premier chef, l’accès à certains outils leur permet d’avoir une vision claire et précise des candidats pour un poste et d’affiner une sélection avec infiniment plus de justesse et d’efficacité. Pour les candidats ensuite, ils peuvent prétendre à une réduction du processus de recrutement, les entreprises ayant pu opérer une sélection bien plus optimisée en amont. Alors que 57 % des demandeurs d’emplois déclarent avoir abandonné un processus de recrutement jugé trop long, cet élément peut apparaitre comme décisif.
- D’autres tâches administratives chronophages pour les acteurs des départements RH peuvent également être soulagée par des outils digitaux. Cet élément est particulièrement décisif sur trois points essentiels. Tout d’abord, libérer les collaborateurs RH de nombre d’activités administratives est un moyen efficace de revalorisation de la profession. Ensuite, cette libération de temps engendre une réappropriation de sa spécificité essentielle, le contact humain avec des candidats et des collaborateurs en interne. Enfin, le temps dévolu par les membres des secteurs RH à l’expérience collaborateur, devenue si essentielle pour nombre de candidats, est mécaniquement optimisé par cet apport du digital.
L’argument économique est évidemment également central dans le processus de digitalisation. Toutes les études mettent en avant les coûts exorbitants que représentent les erreurs de recrutement dans leur globalité. Optimiser le processus afin de donner aux acteurs RH les moyens d’effectuer leur travail avec une efficacité accrue est un gain stratégique pour l’entreprise. Tous ces arguments confinent à donner les moyens aux départements RH de réaffirmer leur fonction centrale : réaliser des recrutements pérennes et agir activement pour fidéliser les talents de l’entreprise en se donnant le temps nécessaire à la réalisation de toutes ces tâches essentielles.